Ô malheur qui est de tomber sur un(e) colocataire sexy et dérangé(e). (Maëlys)

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Ô malheur qui est de tomber sur un(e) colocataire sexy et dérangé(e). (Maëlys) 02610

Les opportunités apparaissent le plus souvent sous la forme de malchance ou d'échec temporaire. Napoleon Hill

Rentrée. Deux syllabes et sept lettres qu'on aimerait bien étriper et mettre en pièce. Mais, on n'étripe ni ne met en pièce une idée abstraite. Quoi que la rentrée n'est rien de bien abstrait. Elle sonne comme un gong tyrannique après les deux mois d'été, de bikinis se bougeant sur la plage ensoleillé et de liberté insouciante. Rentrée. Moi qui n'occupe pas mes étés comme un étudiant lambda le ferait, je me fiche bien de la rentrée. Qu'elle soit là ou pas ne change rien à ma routine. Je me rends juste à la fac pour assister à des cours qui me barbe plutôt que d'écouter mon père discourir sur son entreprise qu'il a monter seul, son entreprise qui me reviendra bientôt, son entreprise par-ci ou bien par-là. Rentrée. L'automne arrive mais ça m'importe peu. Les jours sont gris et mon cœur est morne. L'existence est vide. Ce n'est pas le temps qui passe, c'est nous qui passons, disait un vieil écrivain donc je ne me souviens plus le nom. La rentrée a beau débarquer dans nos paysages estivales, rien ne change. Elle sera comme toutes les précédentes, annonciatrice de devoirs, d'examens, de professeurs fous à lier et de vie tranquille (?) à l'université. Toutefois, je ne nie pas que cette rentrée me laisse un arrière-goût que je n'arrive pas à identifier. Cette rentrée est ma dernière. Ma dernière année à l'université de New York. Après, j'entre dans la vie active. Et pour quoi ? Pour l'entreprise d'import-export de mon père qui ne m'intéresse nullement. Cinq ans passé sur les bancs des amphis pour quelque chose qui ne me passionne pas, qui ne me donne pas envie de m'investir et qui pourtant deviendra mon gagne-pain. Ce n'est ni l'économie ni le droit, pas plus que le sort de Wall Street ou de Lindsay Lohan qui m'intéresse. Mais ce qui m'intéresse n'a guère d'importance. La rentrée est là. Comme toujours. La même. Enfin, que je croyais.

Pour ma défense, je peux dire que tout est de la faute de Leanne, la première de mes cinq sœurs. Elle voulait absolument que je l'accompagne en Californie pour son installation à la fac (elle a été reçue à Berkeley). Si, je n'avais pas cédé (et je cède toujours à mes sœurs), je n'aurais pas eu de problème. Mais voilà, j'ai cédé, je l'ai accompagné et ma rentrée qui s'annonçait aussi identiquement ennuyeuse (ou ennuyeusement identique) que les autres s'est révélée être une catastrophe. Si je n'avais pas accompagné ma frangine, j'aurais rendu les papiers de réinscription en temps et en heure. J'étais pourtant persuadé d'avoir bien rempli le formulaire de chambre (même avec un peu de retard). Je n'avais pas à m'en faire étant déjà un étudiant à l'université, j'avais quasiment ma chambre d'office. La même que les années précédentes, celle que je partageais depuis ma première année avec Doug et Alfredo. Je ne sais pas ce qu'ils ont fichu à l'administration. J'aurais bien été les voir mais je n'ai pas eu le temps. Doug et Alfredo se sont retrouvé ensemble, de nouveau, mais sans moi. Notre chambre numéro 478 ne m'accueillerait pas cette année. À la place, j'avais droit à la numéro 198. Heureusement, j'étais seul à être dans cette chambre, je me rassurais. C'est ce que le papier disait.

C'est sur ces pensées rassurantes que je glissai la clef dans la chambre numéro 198. Immédiatement, je sentis que quelque chose clochait. Je n'avais pas poser un pied sur le sol de la chambre que mon radar à embrouilles hurlait dans ma tête. Je le sentais vraiment! Parce que l'air de la pièce ne sentait pas le renfermer comme elle aurait dû, ni l'eau de javel des femmes de ménage passées cette été. Elle sentait le... le fleuri. Un parfum frais et discret mais un parfum quand même. Je me méfiais déjà avant même d'avoir aperçu la valise à moitié défaite sur un des trois lits de la pièce. Pièce qui était relativement grande et luxueuse pour une chambre étudiante, elle comprenait une salle de bain, deux bureaux et trois armoires répartis autour de la chambre. Un frigo dans un coin... et des cartons partout. Le pire, c'est que de la valise dépassait des vêtements. Beaucoup de vêtements. Je m'y connais suffisamment pour savoir que beaucoup de fringues signifie fille. Une gars n'a pas pleins de fringues. Il n'a que deux jeans et trois tee-shirt. Une fille en a une valise complète.

« C'est quoi ce bordel ?! » Je ne pus m'empêcher de lâcher en laissant tomber mon sac. Non parce que depuis que je savais que j'avais droit à ma chambre en solitaire, je mettais habitué à l'idée. L'idée réjouissante dont les perspectives qu'elle me promettait me semblaient chaque jour plus intéressantes. Sur le coup, je n'ai même pas imaginer que j'aurais pu me tromper de chambre. Entrer par inadvertance dans la 199. Non. Pour moi il était évidemment que c'était la bonne chambre. D'ailleurs, j'étais déjà en train de réfléchir à la façon de la décorer. Franchement, j'aurai préféré m'être tromper.